Aujourd’hui la révolution : Fragments d’Ulrike M.

CHF 23.10

Bergen, Véronique

Description

Un espace-temps : l’Allemagne des années 1960-1970, coincée entre un présent lourd du nazisme et une vague de contestation qui explosera en mai 1968. Après l’essoufflement des révoltes estudiantines, l’insurrection se scinde en deux camps : le camp de ceux qui continuent de croire à la mobilisation par les mots, à l’affrontement non-violent et le clan de ceux qui, déçus par l’impuissance des soulèvements pacifiques, en appellent à la lutte armée. La tentative d’assassinat de Rudi Dutschke, l’impasse de l’Opposition extra-parlementaire, la RFA servant de base aux opérations de l’armée américaine menées contre le Nord-Vietnam, la maintenance d’anciens nazis aux postes-clés de l’État sont autant de catalyseurs d’un passage à la guérilla pour ceux qui créeront la Fraction armée rouge, au nombre desquels Andreas Baader, Gudrun Ensslin, Ulrike Meinhof. Centré sur la voix d’Ulrike Meinhof, ce récit retrace le combat pacifique qu’elle mena plus de dix ans en tant que journaliste avant de délaisser l’arme du langage pour le langage des armes. La trajectoire d’Ulrike Meinhof dressée ici entend mettre en lumière ce point de bascule : l’abandon de la résistance par la plume, par le verbe au profit d’une logique de la clandestinité. Dévoiler le fascisme latent de la société allemande pour le renverser : le but que s’impartit la RAF et les moyens qu’elle mit en uvre à cette fin enclencha une chasse à l’homme sans précédent qui aboutit à l’arrestation de la quasi-totalité des membres de la première génération et à leur mort suspecte en prison. À l’escalade répressive du côté de l’État répondra une spirale de la violence du côté de la nouvelle génération des militants. Sous la forme d’un journal d’Ulrike Meinhof, ce texte interroge les acteurs des années de plomb, leurs faits et gestes, leurs espoirs, leurs limites, leurs errances. Et, dans la bouche d’Ulrike, il fera comparaître d’autres voix révolutionnaires radicalement dissemblables dans leur manière de résister à l’oppression : Rosa Luxemburg, Netchaïev, Thomas Münzer et Antigone.