Critique de la raison nègre

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Mbembe, Achille

Description

Revisiter l’histoire de la modernité occidentale et de la postmodernité mondialisée au regard de celle de la “raison nègre” : tel est le propos d’Achille Mbembe dans cet essai iconoclaste. Par ce terme, il désigne d’abord la somme de sottises concernant l’ensemble des gens d'”origine africaine”. Présente dès l’Antiquité, cette représentation s’est surtout consolidée du XVIe au XIXe siècle, quand le Nègre et la race n’ont fait qu’un dans l’imaginaire des sociétés européennes, constituant un nouveau sens commun qui justifiait la supériorité “naturelle” de l’homme blanc sur le reste de l’humanité. Mais l’histoire de la “raison nègre” est aussi celle des luttes abolitionnistes des esclaves africains et de leurs descendants aux Caraïbes et aux Etats-Unis, puis celles pour l’indépendance des colonies européennes en Afrique. Une histoire qui a fait naître un vaste réseau mondial où s’est constitué un imaginaire nègre moderne, participant activement à la mondialisation intellectuelle. Dans l’ordre de la modernité, le Nègre est le seul de tous les humains dont la chair fut faite marchandise. Mais dans un retournement spectaculaire, ce nom honni est devenu le symbole du désir de vie, une force pleinement engagée dans l’acte de création. En analysant cette étonnante contradiction de l'”expérience nègre”, Achille Mbembe répond ici à quelques questions dérangeantes : la relégation de l’Europe au rang d’une simple province du monde signera-t-elle l’extinction du racisme, avec la dissolution de l’un de ses signifiants majeurs, le Nègre ? Ou au contraire, une fois dissoute cette figure historique, deviendrons-nous tous les Nègres du nouveau racisme qui pointe, avec la poussée antimigratoire en Europe et l’assignation raciale de catégories entières de la population ? Une réflexion critique indispensable pour répondre à la principale question sur le monde de notre temps : comment penser la différence et la vie, le semblable et le dissemblable ?