Description

Joe Boyd a côtoyé toute la scène musicale des sixties, années de “parenthèse enchantée”. Il livre dans White Bicycles un témoignage indispensable à l’histoire de notre époque et raconte, avec un sens rare des événements, les revers et les désillusions d’une génération assoiffée de découvertes et avide de changements. Ces “ bicyclettes blanches“”, ce sont celles que les Provos d’Amsterdam laissaient librement à la disposition de la population. Le jour où l’on a commencé à les voler marque pour Joe Boyd la fin symbolique de cet âge d’or. Alors qu’il était encore étudiant, il s’improvise programmateur de l’immense bluesman Lonnie Johnson, qui, oublié, travaillait dans un restaurant de Philadelphie. Ce fut son premier coup d’éclat. Par la suite, il organisera des concerts pour les grands du jazz : Roland Kirk, Coleman Hawkins, Miles Davis et Thelonious Monk. Curieux de toutes les formes musicales populaires, il participe aux prémices de la scène folk et sera dans les coulisses lorsque Bob Dylan créera le scandale au Festival de Newport en 1965 en électrifiant sa musique. L’auteur dépeint l’atmosphère de cette époque dans la complexité de sa réalité sociale et politique. Il évoque le mouvement pour les droits civiques aux Etats-Unis ainsi que les grandes manifestations contre la guerre du Viêt-nam. Il raconte aussi l’esprit du festival de Woodstock. Grâce à une multitude d’anecdotes saisies sur le vif : son arrivée fracassante à Londres, l’ouverture du club ufo, l’exploration de nouvelles drogues, le Punch coupé aux acides et les pieds de marijuana partagés avec les futurs Lovin’ Spoonful, il nous immerge sans crier gare dans les profondeurs des sixties.

Joe Boyd nous impressionne par la liste prestigieuse de ses rencontres et de ses découvertes : Annie Briggs, Bert Jansch, Sandy Denny, Eric Clapton, The Incredible String Band, John Hopkins… Qu’ils soient célèbres ou non, les chapitres consacrés aux musiciens donnent une vision d’ensemble terriblement alléchante, bien loin des approches analytiques ou complaisantes de la plupart des biographes de rock. Joe Boyd ne joue jamais à l’ancien combattant sur l’air de “c’était mieux avant”. Son humour est constant, et son sens de la formule imparable.